Écritures plurielles

         La No panic compagnie est née de la rencontre en 2004 entre cinq auteures : Élise Boch, Noémie Fargier, Axelle Grégoire, Lara Khattabi, Lucie Pannetrat, et d’un musicien : Vincent Levesque. Le mode de travail est collectif, le temps de recherche, long et sinueux.

En 2006, les 5 auteures initient une première création, En pièces, qui questionne les représentations de la femme. Le texte, composé de saynètes situées dans les différentes pièces d’une maison, est interprété par ses cinq auteures, qui assument une mise en scène collective. Le public est invité à déambuler d’une pièce à l’autre, et le spectacle, lui-même itinérant, a voyagé dans une quinzaine de lieux habités ou habitables en Île-de-France, Bourgogne et région Centre, de juin à septembre 2008.

En 2009, la compagnie s’engage dans une deuxième création, Rona Ackfield, et affine sa méthode d’écriture. Le travail part d’un thème, une nouvelle fois. Ce sera le mensonge. Or, ce qui nous avait intéressé dans le travail sur la féminité, ce n’était pas seulement la problématique sociale, mais le questionnement sur l’identité. De même, le mensonge nous interpelle par la façon dont il permet de cacher, inventer voire usurper une identité. Le texte, écrit à quatre mains, met en jeu quatre jeunes femmes qui prétendent, les unes après les autres, être Rona Ackfield, cette enfant disparue dix-huit ans auparavant, en 1992, dans un supermarché, et dont on est resté sans nouvelles. Le fait divers, inspiré d’éléments réels, est complètement fictif. Chaque auteure écrit sa partition, invente son propre rôle, et crée deux personnages. Celui de la menteuse, et celui de Rona, telle qu’elle pourrait être, aujourd’hui. Destiné à être interprété une nouvelle fois par ses auteures, le texte se heurte à la problématique de la mise en scène. Comment se mettre en scène collectivement lorsque nous sommes quatre simultanément au plateau ? Notre dramaturgie, exigeante, et la recherche de formes singulières nous conduisent à nous répartir les rôles, en harmonie avec les voies que nous empruntons plus spécifiquement. Élise Boch et Lara Khattabi seront comédiennes, Noémie Fargier metteur en scène et Lucie Pannetrat  scénographe. Vincent Levesque créera toujours la musique mais l’équipe doit s’agrandir. Rejoignent ainsi le projet deux comédiennes : Natalie Beder et Camille Champagne, une vidéaste : Margaux Parillaud, et un créateur lumière : Florent Pénide.

La méthode de travail s’élabore au fil des répétitions. La pièce, qui mêle récit et fantasmes, appelle une grande force de proposition de la part des comédiennes, un long temps d’exploration au plateau, et en même temps un rythme, un cadre resserrés. Résolument plastique, le travail de la No panic cie fait intervenir les médiums sonores, vidéos, ainsi que la matière scénographique dans la trame du récit. Ce n’est pas un théâtre de texte au sens littéral, mais un théâtre où le texte ouvre un imaginaire, une folie, que seule l’écriture scénique, dans sa globalité, peut permettre d’exprimer.